Sans doute, mais il n’en sera pas toujours ainsi, les Allemands ménagent l’Angleterre. Ils savent ce que le relèvement de leur pays lui doit. Ils savent aussi combien le gouvernement britannique désire le succès du pacte de garantie, qui n’est pas moins vivement désiré par M. Coolidge, quoique, bien entendu, les États‑Unis, qui ne s’engagent jamais à rien, ne doivent signer ni ce pacte ni aucun autre. Comme si le discours de M. Houghton n’avait déjà été très clair, la presse anglaise le développe. Le pacte avec l’Allemagne nous est recommandé de nouveau et dans les termes les plus pressants. L’élection de Hindenburg (nous le prévoyions) est un argument de plus. On nous dit ingénument qu’un pacte signé par le représentant du militarisme prussien aura bien plus de valeur que s’il était signé par des socialistes…
Ce que l’on admire, c’est la persévérance avec laquelle la politique anglaise, après avoir relevé le Reich, pousse la France ‑ et la Belgique ‑ vers les Allemands. Après tant de sacrifices, y compris celui d’un million et demi de Français, pour gagner la guerre, la politique anglaise détruit méthodiquement les résultats de la victoire. Nous pouvons prédire que l’Angleterre le regrettera. Les partisans de l’Entente cordiale, dont nous sommes, l’auront déploré avant elle. Ce n’est pas la première fois qu’on voit un grand pays se tromper et travailler contre lui‑même. L’Angleterre donne ce spectacle. Elle construit de ses propres mains un bloc continental gros de catastrophes pour elle comme pour nous. Le pire est qu’elle ne s’en doute pas et que les plus intelligents des Anglais refusent de le croire. Puissent‑ils du moins être instruits par les remords de Gladstone, à la fin de son existence, quand il se souvenait de ses faux calculs de 1870.
L’Action française, 8 mai 1925.